Dans un rapport intitulé : « Vie chère au Togo : Diagnostic et approches de solutions», présenté hier mardi à Lomé, l'association « Veille Economique » décrypte le phénomène de la vie chère au Togo et propose des pistes de solutions pour en atténuer les effets.
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La cherté de la vie, consécutive à la crise du Covid-19, s'est exacerbée avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et selon l'association « Veille Economique », le phénomène se ressent différemment dans les pays de la CEDEAO et de l'UEMOA.
« Les Togolais souffrent aujourd'hui parce qu'ils ont un niveau de pouvoir d'achat qui est faible et qui est quasiment le dernier dans la zone CEDEAO et dans l'UEMOA. Le Togolais a un revenu par habitant qui peut atteindre un pouvoir d'achat de 1600 dollars par an/habitant. Ce qui représente environ 76.000 FCFA/mois. Comparativement aux autres pays de la CEDEAO ou de l'UEMOA. Le Ghana est à 258.000 FCFA, le Bénin à 156.000 FCFA, le Cap Vert est à 342.000 FCFA/mois », a expliqué Dodji Nettey Koumou. Qui estime qu'en fonction de cette disparité, les Togolais vont souffrir davantage quotidiennement, plus que les autres citoyens des autres pays.
Au Togo, les mesures prises par le gouvernement n'ont visiblement eu aucun impact sur le quotidien Togolais. Au point que le gouvernement a dû prendre d'autres mesures, parce que disposant de peu de marge de manœuvre à cause de la gouvernance qui a été faite ces 15 dernières années. Notamment, le choix des politiques publiques (le faible investissement dans l'agriculture), et un niveau d'endettement qui est passé de 767 milliards de FCFA en 2010 à 2 768 milliards de FCFA au 30 juin 2021.
Aussi, les incendies des grands marchés de Lomé et de Kara ont fait perdre aux Togolais des centaines d'emplois dans le secteur informel et des pertes d'environ 72 milliards de FCFA par an de fonds de roulement. Ces sinistres constituent des causes lointaines de la crise de la vie chère.
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Le rapport met également en exergue la vampirisation de l'économie togolaise et le bradage de certains actifs du pays. Un mauvais business model dans le secteur minier du pays. Face à ce tableau peu reluisant, « Veille Economique » propose, à court terme, de revoir le budget de l'agriculture. « Nous proposons que le gouvernement puisse porter le budget de l'agriculture de 44 milliards à 77 milliards et nous parlons d'allocation directe du budget. Pas des projets d'investissement publics qui, en réalité, s'asseyent sur l'assistance extérieure », a indiqué Dodji Nettey Koumu.
L'association propose également la réduction du niveau de salaires de certains membres du gouvernement, notamment les ministres, le Président de la République, le Premier ministre, le président de l'Assemblée nationale, les députés et les responsables des institutions publiques. Ainsi que la réduction des taxes d'encombrement et des tickets dans les marchés.
Elle suggère par ailleurs l'annulation des élections régionales. « Nous estimons que l'annulation des élections régionales fera une économie de 12 milliards au pays de façon potentielle et une économie de 4 à 5 milliards de façon permanente. Face à ce que nous coûtent aujourd'hui l'Assemblée nationale, les conseillers municipaux, nous estimons que la mise en place d'un Sénat est inutile et n'apportera rien du tout, sauf des dépenses au pays », a poursuivi M. Koumou.
A moyen et long terme, l'économiste préconise le renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale, le détournement de fonds publics et surtout contre la mainmise sur les ressources publiques par la création des sociétés écrans. Il exhorte les gouvernants à changer de business model au niveau du secteur bancaire, du Port Autonome de Lomé et au niveau du secteur minier. Ces approches de solutions visent, selon Dodji Nettey Koumou, à augmenter le pouvoir d'achat des Togolais et le niveau de consommation des ménages et des entreprises.
Avec Liberté
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