Lancé en novembre 2019, Stadia était le premier véritable pas de Google dans le jeu vidéo. Une sorte de console fantôme, puisque la filiale d'Alphabet avait fait le pari du cloud. Via un périphérique Google ou par un simple navigateur Chrome, il était possible de démarrer chaque jeu en performance très élevée, pour quiconque avait une bonne connexion Internet.
Le stade ferme ses portes
C'est via un communiqué de presse que l'on apprend la fin de Stadia. Plus précisément, tous les services de ce dernier seront coupés le 18 janvier 2023. Que ce soit la possibilité de jouer en cloud, mais également la plate-forme d'achat et donc la ludothèque numérique. Pas de panique, Google a les moyens de rembourser toutes les acquisitions des utilisateurs, que ce soit des jeux ou des microtransactions. En revanche, l'abonnement Stadia Pro ne fait pas partie de cette liste.
On ne s'étonnera pas vraiment de cette sentence, puisque plusieurs signes avant-coureurs laissaient présager des problèmes internes. En premier lieu, en 2021, les studios Stadia Games & Entertainment fermaient leurs portes. Une partie des 150 employés devaient être redéployés sur d'autres projets de Google. Après l'abandon de ses trois seuls studios propriétaires, c'est le départ du directeur produit de Stadia, John Justice, qui fait une nouvelle fois réagir. D'autant plus que cette annonce dévoilée par The Information, n'a été suivie d'aucun camouflet par Google.
Ambitieux
Stadia avait pourtant de la suite dans les idées. La perspective de lancer et reprendre n'importe quel jeu immédiatement, sur presque tous les appareils Google laissait rêveur. Tout comme le fait de jouer dans les meilleures performances possible, sans mises à jour. Sur le papier, tout cela était intéressant donc, et la technologie marchait plutôt bien manette ou souris en main.
On note même la volonté de bien faire avec l'achat de quelques studios comme on l'a dit. Notamment Typhoon Studio, responsable de The Journey of Savage Planet.
Le géant était timide
Malheureusement, Google a sans doute été trop avare pour la sortie et suivi de Stadia. Trois studios acquis, cela fait une minuscule flotte pour s'imposer, surtout sur un aussi court laps de temps. Rappelons qu'il a fallu une génération de consoles pour que le Gamepass de Microsoft se fasse une place (sans pour autant que le cloud soit encore pleinement lancé). De même, de l'aveu des joueurs, il manquait cruellement d'exclusivités marquantes dans la besace de Stadia. Les quelques exclus étant temporaires ou des jeux indépendants qui n'attirent qu'un public de niche.
La deuxième raison de cet échec, c'est également le modèle économique mal digéré par le public. Au mieux jugé complexe, au pire décrié comme mauvais pour le consommateur. Il fallait en effet acheter ses jeux au prix fort (pas de grandes promos proposées), que l'on possède ou non l'abonnement Pro. Celui-ci permettait d'avoir une qualité d'image optimale et de déverrouiller certains titres gratuitement uniquement.
Le jeu infonuagique ne dit pas son dernier mot
Google s'est donc sabordé avec un manque de moyen dans la communication et dans sa proposition de jeux. De plus, son système d'achat est loin d'être évident, même pour les joueurs. Cependant, cet approximatif lancement ne serait-il pas une façon de montrer la technologie de Google à d'autres firmes ? Ils ont démontré la puissance de leur cloud, sans pour autant entrer la mêlée des trois grands constructeurs. Une manière d'intéresser de potentiels partenaires, sans pour autant devoir rentabiliser des pertes colossales.
Le cloud est d'ailleurs toujours bien présent et fait son petit bonhomme de chemin. Le Xbox Cloud Gaming lancé en 2020 est certes encore en bêta, mais est compatible avec de plus en plus de jeux. Le PlayStation Now a lui évolué pour arriver dans le nouveau PlayStation Plus Premium. De son côté, Nintendo commence à utiliser de plus en plus l'infonuagique pour faire tourner les jeux les plus gourmands. Dans l'idée, fini les portages un peu trop limités par la puissance de la Nintendo Switch. Et si pour le moment seul 10 titres sont proposés en streaming (dont 3 uniquement au Japon), 5 autres sont déjà prévus et la liste s'allongera sans doute encore. Pour finir, il n'y a pas que les constructeurs qui ont leur mot à dire, puisqu'en plus des GeForce Now et Shadow, un nouveau challenger arrive. La Logitech G Cloud est une tablette conçue pour le jeu en streaming. Assortie de ses boutons et sticks, elle embarque des applications pour Xbox Console Streaming, Game Pass, Steam Link et Nvidia GeForce Now. Stadia est donc loin de mourir sans alternatives.
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