« La chambre des députés, la moitié sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout » (Coluche)
Un député a ouvert à Lomé deux boutiques de Haaga (tenues stylées faites de pagne traditionnel tissé) et est à la recherche de jeunes pour tenir ces boutiques. L'initiative, il faut le reconnaître, est louable. Si tous les députés, les grands commis de l'Etat et les membres de la minorité pilleuse qui ont pris en otage le pays depuis plus de cinq décennies, pouvaient mettre sur pied ces genres de structures et lancer des avis de recrutement, le pays aurait fait un grand pas dans la résolution du problème de chômage qui touche de plein fouet la jeunesse togolaise.
Mais là où le bât semble blesser pour notre député, c'est qu'il a laissé entendre que les jeunes intéressés seront payés au SMIG pour les trois premiers mois et bénéficieront des augmentations suivant les recettes. Problème, le SMIG au Togo est dérisoire et reste bloqué à 35.000 FCFA, le plus faible dans la région ouest-africaine. Sous le feu nourri des critiques, le député a tenté de se justifier, estimant que créer une société par ces temps de crise, est un risque inouï (que certainement beaucoup n'auront pas le courage de prendre).
Mais au même moment où le député veut payer ses employés au SMIG, il se plaint que le parlementaire togolais ne soit pas suffisamment bien payé, comparativement aux autres pays de la région et souhaite donc une revalorisation des indemnités des élus qui s'établissent à 1.300.000 FCFA, soit 37 fois le SMIG. Sans oublier que le député en question qui est président d'un groupe parlementaire bénéficie de plusieurs autres avantages Quel travail d'exception font nos députés « nommés » dans cette Assemblée monolithique pour exiger une revalorisation de l'indemnité parlementaire ? C'est la question qui cristallise les débats.
Un constat général se dégage à propos de nos députés, notamment l'inertie et les carences qui les caractérisent. De plus, ils semblent à des années-lumière des réalités quotidiennes auxquelles sont confrontées les populations. Les députés votent les lois et contrôlent l'action du gouvernement. Mais ceux de la 6ème législature ont cette manie de voter systématiquement avec une facilité déconcertante tous les projets de loi que leur soumet le gouvernement. On les a vus à l'œuvre, depuis la survenue de la pandémie du coronavirus, prolonger indéfiniment l'état d'urgence sanitaire. Le comble, ils se sont même permis de rallonger l'état d'urgence sanitaire de 12 mois alors que le gouvernement en demandait six.
En juin 2020, alors que la Covid-19 faisait ravage et que tout le monde était préoccupé et inquiet du climat d'insécurité qui régnait dans le pays, avec des violences et des assassinats liés à la mise en œuvre de l'état d'urgence sanitaire et du couvre-feu, tout ce que les députés avaient trouvé à faire, a été de voter un texte portant sur l'utilisation du nucléaire au Togo.
On se rappelle également qu'à leur « nomination », le premier fait d'arme des députés a été de restreindre les libertés publiques et d'interdire les manifestations sous prétexte de menace sécuritaire.
Par contre, on n'a jamais vu les « élus » introduire des propositions de loi, ni interpeller les ministres, déposer des motions de censure, etc. Ils n'ont absolument rien fait depuis deux ans qu'ils squattent le parlement. Le phénomène de la vie chère, l'instauration de diverses taxes, l'augmentation du prix des produits pétroliers et du ciment, la situation de délabrement dans laquelle se trouvent les structures sanitaires publiques et les écoles, le chômage des jeunes, les scandales de détournement, etc. ne semblent pas intéresser les députés. Leur préoccupation est la revalorisation de l'indemnité parlementaire…
Avec Liberté
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