Si dans un seul Collège d'enseignement général (CEG) de la capitale, il est fait état d'une gestion opaque sans aucun outil de vérification du ministère de l'enseignement primaire, secondaire et de l'artisanat, qu'en serait-il si on doit étendre le contrôle à tout le territoire national ? Est-il possible qu'au nom de la présidentielle de février 2020, des directeurs aient prélevé des sommes d'argent pour faire campagne ?

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L'information émanant d'une source du ministère de l'Enseignement primaire et secondaire et de l'artisanat fait froid dans le dos. Au CEG Agoè Centre, le directeur serait mêlé dans la gestion catastrophique des recettes du collège. Depuis sa prise de fonction en 2017, la quiétude dans les comptes a subi un bouleversement digne d'un tsunami. Et si le ministre Dodzi Kokoroko veut réellement remettre de l'ordre dans les comptes, il urge qu'un audit impératif soit diligenté, et que tous ceux qui ont géré, manipulé et prélevé indûment de l'argent dans les comptes de l'établissement scolaire passent à la barre pour se justifier.

Selon les sources au ministère, l'Inspection et la Direction régionale de l'éducation ne seraient pas ignorantes de la situation qui prévaut dans cet établissement. Les problèmes concerneraient la gestion du COGERES et d'un autre compte, LATEAUDOUCHE, entendez Latrines-eau-douches, tous appartenant à l'école.

A en croire une de nos sources, c'est depuis l'arrivée du directeur actuel, Somde Komla que tout a commencé. Des frais de scolarité non déclarés, des situations fantoches adressées à l'économat sans possibilité pour l'économe de demander des clarifications, des recettes d'une certaine année non reversées (on parle d'une somme de 1,75 million FCFA), le directeur aurait fait planer une chape de plomb sur la transparence qui devrait guider une école qui forme la relève de demain.

Mais comme si tout ce qui est dit plus haut ne suffisait pas, une autre source à la Direction régionale de l'éducation (DRE) a laissé entendre que le directeur aurait mis en avant le nom du parti au pouvoir pour bénéficier d'un décaissement. Ainsi il aurait fait remettre par la caisse du CEG la somme de 250.000 FCFA en novembre 2019 pour « soutien au parti Unir ».

Affabulation ou réalité ? Non convaincu par cette nouvelle, nous avons cherché et retrouvé le contact du directeur à qui nous avons demandé la confirmation ou l'infirmation de l'information. « Des bruits courent à la DRE que vous auriez perçu de l'argent dans la caisse du CEG dans le cadre de la présidentielle de 2020 ; que vous auriez encaissé des frais de scolarité alors que vous n'en avez pas le rôle. Est-ce établi ou sont-ce des affabulations ? », lui avons-nous envoyé comme message. Malheureusement, jusqu'à la mise sous presse, bien qu'étant en ligne, il ne nous est pas revenu.

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Au ministère, nous avons appris qu'un document relatant l'affaire serait déposé, document dans lequel il est demandé à la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) de se saisir des écarts de gestion de l'ordonnateur qu'est le directeur du CEG.

Dans cette affaire, pour peu que le ministre Dodzi Kokoroko veuille faire œuvre utile, non seulement un audit complet depuis l'arrivée de l'actuel directeur devra être commandité, mais également rechercher les responsabilités au niveau de l'Inspection et de la DRE. Parce qu'il n'est pas possible qu'autant d'incongruités se passent dans un collège sans que les premiers responsables ne soient pas informés.

A notre connaissance, il existe dans les collèges des comptables ou des économes chargés de manipuler les fonds. Qu'en est-il du CEG Agoè Centre ?

Aujourd'hui, avec la gratuité des frais de scolarités, il ne reste que les frais parallèles. Mais reste à déterminer si des directeurs d'autres écoles ne percevraient pas de façon indue ces frais aussi. D'où l'urgence d'un audit, non seulement de la gestion de ce collège, mais également de tous les autres. Bon à suivre.

Avec Liberté