L'affaire a fait les choux gras de la presse la semaine dernière. Accusés pour diffamation aggravée, violation de l'intimité et associations de malfaiteurs dans une affaire de compteur d'électricité truqué par Sheyi Adébayor  et placés sous mandat de dépôt, l'humoriste Gogoligo et l'artiste Papson Moutité ont été libérés moins de 24 heures après leur passage devant le juge. Ceci, sur une simple demande de libération adressée par l'ex-capitaine des Éperviers au Procureur de la République.

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Les justiciers sont-ils devenus au Togo des jouets dans les mains des politiques et autres femmes et hommes puissants qui les manipulent à leur guise ? Du moins c'est ce que le dénouement de l'affaire qui a opposé, la semaine dernière, Sheyi Adébayor  à Gogoligo et Papson Moutité tend à laisser comme impression.

En effet, après avoir déposé une plainte contre l'humoriste et l'artiste pour entres autres chefs d'association de malfaiteurs, une charge lourde, l'appareil judiciaire s'est vite enclenché.  Convocation, écoutes, garde à vue, passage devant le procureur et mandat de dépôt. Les deux accusés étaient aux portillons de la prison quand soudainement Adébayor a décidé de tout arrêter. Dans une lettre adressée au procureur, l'ancien capitaine des Éperviers lui a demandé diligemment de libérer les deux prévenus « par rapports à leurs états de santé ».  Quelques heures après la demande introduite par le plaignant, les deux prévenus ont été effectivement libérés. Etonnant !

Elle se fait encore ridiculiser…

Etonnant parce que cette demande exécutée par le Procureur  porte une atteinte à cette institution qu'est la justice. Et pour cause, une libération aussi rapide ne peut se faire que dans certains cas précis. « Primo, le juge d'instruction à qui l'affaire a été confiée a bouclé son enquête en 24 h, et a signé une ordonnance de non-lieu.  Secondo, le plaignant retire sa plainte. Tertio, une demande de mise en liberté provisoire est introduite par les prévenus. Quarto, une expertise médicale, demandée par le procureur ou les prévenus, confirme que leur état de santé leur fait courir un risque important en milieu carcéral. Quinto, dans le cadre des mesures anti Covid-19, une liberté provisoire leur est accordée pour désengorger les prisons », a étayé le député Gerry Taama.

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A la lumière de ce qui précède, « le courrier demandant une mise en liberté pour raison de santé envoyée par le plaignant ne peut pas agir sur une mise en liberté provisoire ou définitive. Il ne revient pas au plaignant de faire cette demande. Or malheureusement, l'enchaînement des événements donne l'impression que c'est cette lettre qui a déclenché la mise en liberté. Et il s'agit d'un antécédent dangereux pour notre justice », a déclaré le Président du Net.

« Qu'un seul individu peut porter plainte, faire travailler des gendarmes, les auxiliaires de justices, les agents de l'Etat, mobiliser tout ce monde pour une comparution chez le procureur où il pouvait se rétracter, il ne fait rien, on signe un mandat de dépôt alors que les prévenus étaient déjà malades, et malgré que l'appareil judiciaire s'est emballé, il se ravise le lendemain et dit: Finalement, libérez-les. Et on les libère. Ça le fout mal. Aucune personne lambda ne peut agir ainsi. Ça donne l'impression que certaines personnes peuvent soumettre la justice. Je le dis en précisant bien que pour moi, c'est sans doute l'une des cinq hypothèse présentées plus haut qui justifie cette libération », a poursuivi le député Taama, avant d'ajouter « ce qui rend cette affaire encore plus pénible pour la justice, c'est qu'on a affaire à deux personnes qui ont en permanence clamé qu'elles avaient des protecteurs puissants et que rien ne pouvait leur arriver. La période extrêmement courte (24h à peine) entre le mandat de dépôt et la libération va conforter l'idée que certaines personnes seraient intouchables ».

Et si c'était un journaliste ?

En effet, au-delà d'une simple impression, c'est la triste réalité avec le pouvoir judiciaire togolais. Une justice à double vitesse. Et les journalistes font partie des moins lotis en la matière.  Juste parce qu'ils ne jouent pas aux bons comédiens, aux jeux des gens de la «  la maison » comme aiment s'en targuer ces complexés sociaux qui aiment s'affirmer à tout va. Pour des histoires moins graves des journalistes peuvent se voir trimballer, devant la justice, pour faire plaisir à ces hauts perchés, au  nom l'article 497 du Code pénal qui semble être taillé sur mesure pour les hommes de media.

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Le principe d'égalité des citoyens devant la justice ne semble qu'être un leurre au pays de Faure Gnassingbé. Pourtant, cette justice et les hommes qui l'animent ont toutes les compétences pour se débarquer de ces pressions exercées par « les dits intouchables et cie ».

Source: Fraternité Info