La gestion faite du Coronavirus par les autorités togolaises laisse à penser que la pandémie fait plus de ravage dans le pays qu'ailleurs en Afrique. De la fermeture des frontières aux « pass sanitaire » en passant par la menace de rendre le vaccin obligatoire, le pays commence à inquiéter.

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Depuis le début de la pandémie du Coronavirus et son avènement sur le continent africain, plusieurs mesures ont été prises par les dirigeants de chaque pays pour freiner la propagation de la maladie. Certains ont finalement et progressivement opté pour un retour à la normale en procédant à la levée de certaines mesures. Presque tous les pays ouest-africains ont fini par ouvrir leurs frontières après les avoir fermé à cause du Covid, et les restrictions ont été levées ou adoucies, sauf au Togo. 

Etat d'urgence depuis le 2 Avril 2020

Et bien que les chiffres officiels indiquent une incidence faible de la propagation du virus avec quelque 13.000 infections enregistrées et 126 morts en plus d'un an de crise, les populations restent soumises à des mesures restrictives et l'économie est à la peine.

Le Togo, qui a fermé ses frontières depuis plus d'une année, n'a toujours pas ouverts ses portes. Le pays vit sous état d'urgence depuis le 2 avril 2020 et la situation ne semble pas être en train de s'améliorer. Les restrictions aux frontières ont encore été renforcées et certaines autorités obligent, à la limite, les fonctionnaires à la vaccination. 

Dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest de 7,8 millions d'habitants, beaucoup dépendent du commerce au sein de la zone de libre échange de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), d'autant que les côtes du Togo ne s'étendent que sur 50 kilomètres. Le taux de croissance économique a chuté à 1,8% en 2020 contre une prévision initiale de 5,5%, selon des chiffres officiels, conséquence directe de la crise sanitaire mondiale.

Situation critique

La situation sociale est très critique au Togo et l'on se demande si le gouvernement ne se sert pas de la pandémie du Coronavirus, pour assouvir d'autres pulsions politiques. Certes, il faut prendre des mesures pour freiner le coronavirus mais il est aussi indispensable que la population vive. Les cas du Nigéria, du Bénin, de la Côte d'Ivoire ou encore d'un pays africain très touché, l'Afrique du sud, montrent que la radicalité des mesures n'est pas forcément la meilleure option.

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Certaines organisations de la société civile sont plusieurs fois montées au créneau. « Nous avons plusieurs fois alerté le gouvernement sur la situation qui prévaut dans le pays. Il doit rouvrir rapidement les frontières terrestres et procéder à une réduction sensible des taxes » pour relancer l'économie, explique Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo.

Des intentions inavouées ?

Mais le gouvernement togolais ne change pas le cap et maintient que la situation sanitaire prévaut. « Les frontières terrestres seront rouvertes lorsque cela sera nécessaire », a tranché Majesté Ihou Watéba, ministre de l'Enseignement supérieur et responsable du centre de prise en charge des malades du Covid-19 à Lomé, lors d'une interview à une radio privée en mai. « Faut-il rouvrir les frontières pour le plaisir ou garder l'état actuel de la situation? La situation est sous contrôle, c'est ce qui est important », a affirmé ce membre du Conseil scientifique.

Toutefois, le fait d'être pratiquement le seul pays à garder ses frontières fermées et un Etat d'urgence permanent depuis plus d'un an, n'a pas permis aux responsables de lutter efficacement contre le virus. La preuve, on continue d'annoncer des cas et d'alerter sur une probable « nouvelle vague ». Si les mesures n'ont pas été si efficaces, alors pourquoi maintenir ces mesures radicales ? Cela suppose simplement que le maintien de ces mesures radiales sert à d'autres fins non moins douteuses.

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« J'ai plutôt l'impression que les autorités nous maintiennent dans cette situation pour des raisons qui leur sont propres, car le nombre de décès liés au coronavirus enregistrés en un an est largement loin des décès liés au paludisme », dénonce Evariste Govi, 43 ans, responsable d'un hôtel à Lomé. Ce dernier affirme avoir mis au chômage plus de la moitié de son personnel depuis plus de six mois, les recettes ayant considérablement chuté.

Pour certains observateurs, Faure Gnassingbé et son équipe profiteraient de la pandémie pour avoir une sorte de meilleure mainmise sur son peuple et autres probables « casse-pied » politiques. Selon eux, avec ces mesures, le risque de manifestation est considérablement réduit et également le risque que, des personnes critiques du pouvoir, prennent le maquis est moins élevé et donc les critiques se feraient rares, très rares.

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